Promenade de deux amies

Un après-dîner, la jeune Angélique descendit dans les jardins. Elle devait y retrouver son amie d'enfance, Jehanne-Marie de Beaufort. Toutes deux se connaissaient depuis fort longtemps, leurs familles ayant des affaires en communs. Les deux jeunes filles étaient donc devenues proches et avaient établi une riche correspondance, se considérant comme deux soeurs.

Cela faisait deux ans que les deux amies ne s'étaient vues. Jehanne-Marie ayant dû suivre sa mère. Les sentiments qu'Angélique éprouvait pour son amie n'avait pas changé pourtant, la jeune fille craignait ces retrouvailles tant attendues. Elle redoutait de n'avoir plus grand chose en commun avec son amie et craignait les longs silences qui pourraient s'établir entre elles.

Angéliqe respira un grand coup. Elle jetta un regard autour d'elle.
"Jéhanne n'est pas encore arrivée. Peut-être la reine la retient-elle à son service ?"
La jeune fille s'assit sur un banc en pierre en prenant soin de rassembler ses jupes autour d'elle.

Jehanne-Marie avait descendu les escaliers à dorures de la grande salle du château et se préparait à retrouver son amie Angélique, qu'elle n'avait pas revue depuis son départ pour le tour de la France avec sa mère. Leurs correspondances lui avaient été bien utiles pour surmonter ce voyage endurant et forcé.

Jehanne aperçut Angélique assise sur un banc, son coeur fit un bond dans sa poitrine.

- Angélique ! Très chère ! dit-elle en accélérant le pas, comment te portes-tu ?

Angélique attendait depuis quelques minutes déjà, l'impatience venait à la gagner. Elle surveillait l'escalier qui menait au palais, s'attendant à chaque instant à voir surgir son amie.

Angélique jouait avec les dentelles de ses manches tout en se remémorant les moments qu'elle avait passé avec Jéhanne-Marie. Elle se remémorant l'histoire de l'âne de monsieur Dumont.

Dumont était l'un des palefreniers de la famille de Jéhanne. Un jour, il avait ramené du marché un âne, âne qui devait servir à rapporter les courses du marché. Ce jour-là, Angélique était en visite chez son amie pour l'après-midi. Les deux jeunes filles alors âgées de dix et neuf ans venaient de finir de goûter. Jéhanne, ayant appris que ses parent avaient fait l'acquisition d'un âne, avait entrainé Angélique vers les écuries où la ête avait été momentanément installé. Jéhanne se mit alors en tête de faire une promenade à dos d'âne. Malheureuement, la petite fille essuya un refus de la part de sa mère. Furieuse, la petite fille, aidée par Angélique, détacha l'âne. Installées à califourchon, les deux enfants s'étaient introduites dans les bois. Elles s'étaient égarées. La pluie s'était mise à tomber....Angélique secoua la tête à se souvenir.
"Quelle garce, pensa-t-elle à l'égard de Jéhanne en nepouvant s'empêcher de sourire de tendresse à ce souvenir.

Citation :

- Angélique ! Très chère ! dit-elle en accélérant le pas, comment te portes-tu ?

Angélique releva la tête. Un sourire éclaira son visage. Elle se leva promptement et se dirigea vers son amie, les mains tendues en avant afin de saisir celle de son amie.

- Jehanne ! Quel bonheur de te revoir !

Les deux amies s'embrassèrent avec effusions.

- Comme tu m'as manqué ! Raconte-moi vite ce que tu as fait ces deux dernières années ! dit Angélique

- Oh, je t'épargnerai les détails de cet horrible voyage avec ma mère... elle m'a traînée dans tous les endroits possibles de France ! Nous sommes allées jusqu'à la plage de Marseille, c'était très beau mais mère a refusé que nous nous baignions.

Angélique la figure boudeuse lui dit :

- Tu ne racontes jamais tes voyages !

Un sourire indulgent vint éclairer son visage. La jeune fille haussa les épaules puis invita son amie à s'assoir à ses côté sur le banc. Elle serra les mains de jéhanne dans les siennes.

- Comme tu m'as manqué ! s'exclama-t-elle. je suis tellement contente que tu sois revenue à la cour ! La vie ici avec toi me paraitra tellement moins longue. Si tu savais, depuis que Madame ma tutrice nous a quitté, je me sentais si mal.

Angélique réajusta une méche de cheveux qui lui tombait sur le front. La jeune fille entendit du bruit venir de l'escalier qui menait au jardin. Promptement elle se leva.

- Et si nous allions nous promener plus loin ?

La jeune fille ne souhaitait pas que leurs retrouvailles soient gachées par de quelconques intrigants toujours prêts à se mêler de tout.

- Volontiers, dit Jehanne en souriant, tout à l'heure un monsieur a eu une attitude plus que stupide à la bibliothèque, je n'avais jamais rien vu d'aussi absurde !

Angélique attrapa Jéhanne par le bras et toutes deux s'enfoncèrent dans le parc sous un soleil radieux. Angélique écoutait son amie avec attention. Elle l'observait à la dérobée. Non, jéhanne ne paraissait pas avoir changé. Elle avait sans doute un peu mûrie mais elle était restée la même jeune fille sûre d'elle, un peu hautaine parfois, au bon coeur.

Sortant de ses pensées, Angélique reprit sur le ton du badinage, tout en jouant avec le pendentif en or qui était suspendu autour de son cou :

- Un monsieur ? Qui était-ce ?

Puis elle sourit.
"Evidemment Jéhanne était allée à la bibliothèque...C'est pour cela qu'elle était en retard !"
Angélique avait oublié le goût prononcé de son amie pour la littérature. La jeune fille n'avait donc pas pu resister à l'envie d'y faire un tour.
L'oreille distraite, Angélique écouta la réponse de son amie puis enchainant sur un autre sujet, elle lui demanda :

- Au fait, quand commences-tu ton service auprès de la Reine ?

- Oui un monsieur, le duc d'Albray si je ne m'y trompe pas...

Jehanne sourit à Angélique.

- Eh bien, je ne sais pas, il faut que je demande à ma mère...ce soir j'irai lui rendre visite.

- le duc d'Albray...Angélique demeura songeuse. Non vraiment, je ne l'ai jamais rencontré.

les deux amies s'étaient enfoncées dans le jardin, de là, aucun bruit ne leur venait. Elle marchèrent un moment en silence, chacune plongée dans ses réflexions. Angélique reprit la parole en première.

- Comment va ta mère ? J'ai entendu dire qu'elle avait été malade et qu'elle avait eu du mal à s'en remettre ! Je ne prête que peu d'attention aux rumeurs, tu le sais, mais je m'en suis réellement inquiètée. De plus, tu tardais à répondre à mes lettres !

La voix d'Angélique se teintait de reproches. La jeune fille guette la réaction de son amie.

Jehanne sourit à Angélique d'un air malicieux.

- Tes lettres mettaient aussi longtemps avant de parvenir à notre chambre d'hôte ! Ma mère va bien, mais elle était irritable lors du voyage, quel affreux caractère...