1663 : Face aux Feux du Soleil
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1663 : Face aux Feux du Soleil

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 Chantilly: un Golgotha ?

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2 participants
AuteurMessage
Louis II, Prince de Condé
Poete
Louis II, Prince de Condé


Nombre de messages : 40
rang : Chantilly
Date d'inscription : 30/11/2005

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MessageSujet: Chantilly: un Golgotha ?   Chantilly: un Golgotha ? EmptyJeu Avr 06 2006, 16:20

Le Prince de Condé s’était réveillé en sursaut ce matin, les mains moites, le torse dégoulinant de sueur. Il contempla hagard le décor qui se présentait à lui, et finit par retomber sur son édredon avec soulagement. Ce n’était qu’un cauchemar. Mais quel horrible songe : il s’était vu en train de danser la gaillarde devant toute la Cour, une pieuvre sur la tête…

Pourtant, la réalité de la loterie d’hier avait été tout à fait cauchemardesque… Il avait été ridiculisé devant toute la Cour par –cela, il n’en doutait pas- l’un des mousquetaires du roi. Besméatix ? De Verchères ? Qui sait… Toujours est-il qu’il leur tordrait le cou avec joie s'il en avait l'occasion. La pendaison de ces malheureux garçons bleus ne serait qu’une bien maigre compensation de l’outrage subi.

Las d’être toujours couché à près de dix heures du matin, Louis sonna les domestiques mis à son service par son hôte, le Prince de Savoie-Carignan. Il ne savait que penser de lui. D’un côté, il lui était profondément reconnaissant de l’avoir extirpé du nid de vipères du petit salon. Mais ce personnage n’en demeurait pas moins… inquiétant, profondément énigmatique. Cette impression d’omniscience se dégageant de lui mettait Condé particulièrement mal à l’aise. Leur discussion de la veille, au coin de l’âtre lui avait pourtant laissé entrevoir un homme de goût, raffiné, et particulièrement charmant...

La pièce dans la quelle il se trouvait actuellement le lui prouvait clairement : lit à baldaquin bleu roi tendu de velours blanc, meubles en marqueterie, lustre de cristal, subtiles fragrances de jasmin… Tout cela lui rappelait son train de vie de jadis, alors qu’il était le personnage le plus puissant du royaume. Mais c’était bien fini… Son domaine de Chantilly ne valait plus à ses yeux que par ses jardins, qu’il entretenait avec un soin maniaque. Les meubles étaient les mêmes depuis près de vingt ans : il avait perdu le goût du luxe et des belles choses depuis fort longtemps…

La sonnette n’avait pas fini de retentir que déjà une cohorte de serviteurs déboulait dans la chambre du Prince. On lui prodigua les soins les plus raffinés qui soient. Une heure plus tard, le Prince de Condé, « lavé », rasé de frais, délicatement parfumé et vêtu de somptueux habits, gracieusement offerts par son hôte, avait quelque peu retrouvé de sa superbe d’antan. C’est alors qu’un homme qui se présenta comme étant le Grand Chambellan du Prince entra dans la pièce, s’inclina devant lui, et prit la parole :


Votre Altesse, Son Altesse s’excuse de son absence mais une affaire de la plus haute importance requérait sa présence à l’extérieur. Il a tout spécialement pour vous fait préparer un repas dont il a lui-même sélectionné les mets.

Condé se trouva tout à fait charmé de cette délicate attention.

Vous remercierez le Prince pour son obligeance Monsieur. J’accepte avec plaisir son invitation.

Votre Altesse, si vous vous sentez en appétit, le repas peut vous être servi dès maintenant. Dois-je faire immédiatement quérir l’officier de bouche de Son Altesse ?

Condé restait médusé devant la débauche hiérarchique au service du Prince. Seul le roi en personne pouvait se vanter d’être aussi bien entouré !

Qu’il en soit ainsi ! La veillée d’hier m’a donné grand faim !

Quelques minutes plus tard, le Prince se retrouvait assis derrière une table d’acajou dans le grand salon du manoir. Les plats commencèrent à défiler devant lui : en entrée, un gigot de mouton à la royale, puis les rôtis, des filets de cerfs aux perdreaux truffés, des rognons de veau rôtis, le tout agrémenté de betteraves et autres chicorées. Tout était parfait, contrastant violemment avec l’humiliation de la veille. Condé se sentait calme, serein, apaisé.

Vers seize heures, Louis II prit congé de la Maison du Prince. Son carrosse l’attendait dans la cour : quelques minutes plus tard, il roulait à vive allure en direction de Chantilly.

A peine entré dans la cour du château, un détail facheux réveilla illico son humeur massacrante de la veille : personne n’avait songé à faire disparaître cette maudite flaque fangeuse ! Oublié le jasmin matinal ! Oublié la prévenance des domestiques ! Oublié le gigot de mouton à la royale ! L’âpre réalité venait brusquement de refaire irruption sur le chemin du Prince.

C’est donc un Condé d’une humeur exquise qui descendit de carrosse : il était exactement le même qu’en partant la veille, l’odeur en moins !

Sa Maison toute entière se précipita à sa rencontre, un superbe masque d'inquiétude feinte sur le visage.


Votre Altesse ! Nous étions terrorisés ! Nous n’avons pas pu fermer l’œil de la nuit, sachant que vous n’étiez pas revenu !

A ces mots, le Condé ne se sent pas de joie ; et pour montrer sa belle voix, il ouvre un large bec… laisse hurler sa joie !

Germain ! Retournez donc faire un tour dans l’écurie, histoire de voir si je ne m'y trouve pas !

Puis embrassant du regard son assemblée médusée, il reprit:

Je veux un nom ! Je veux un coupable ! Qui a osé laisser CA !

Joignant le geste à la parole, il désigna la jolie mare dans laquelle son délicieux corps avait fait trempette la veille.

Un silence de mort s’abattit sur l’assistance. Certains trouvèrent tout de même un intérêt tout particulier à fixer un point quelconque loin, très loin derrière le Prince.

Enfin, peut-être pas si loin que çà… De seconde en seconde, il prenait corps, déclenchant un véritable nuage de poussière sur son chemin. Bientôt, il devint évident qu’un cavalier était lancé au grand galop sur la route de Chantilly.


Euh Votre Altesse…

Oui ? C’est vous Firmin ? Je le savais !

Non, non Votre Altesse ! Je porte bien trop de respect à Votre Altesse pour avoir laissé une telle immondice sur le chemin de Votre Altesse ! Je veux juste vous informer de l’arrivée imminente d’un cavalier…

Condé fit volte-face, et se retrouva confronté à son pire cauchemar (après les pieuvres): un messager, le funeste individu de la veille, venait de faire son entrée dans la cour du château.

Condé faillit commander un tir au pigeon volant. Il se retint à la dernière seconde : cela ne serait pas du meilleur effet dans ses relations avec son royal cousin.


Le cavalier mit pied à terre et jeta un regard incrédule au spectacle qui se présentait à lui : le Prince de Condé face à ses gens semblait être un Maître de Chorale face à ses choristes…

Après avoir salué le Prince, il prit la parole.


Votre Altesse, Sa Majesté m’envoie vous informer de l’avancement de ses projets en matière de réparation à votre égard.

Ah! J'ose espérer que les serveurs ont donc enfin été exécutés !

Et bien, à vrai dire, non…

QUOI ?

A cet instant précis, ce doux Prince envisagea de réexpédier le messager à son envoyeur… membre après membre.

Ne vous énervez pas Votre Altesse. Sa Majesté a eu une meilleure idée : elle met le mousquetaire Besméatix à votre entière disposition pendant toute une semaine.

La rage de Condé fondit comme neige au soleil, et un rictus mauvais vint ternir ses traits déjà bien mis à mal.

Fort bien. Vous direz à Sa Majesté que je lui suis très reconnaissant. Sa délicate attention me touche beaucoup.

Sur ce, le Prince fit volte face et gravit les marches de son palais, le baume au cœur... et le vice chevillé à l'esprit.

La flaque de boue lui était miraculeusement sortie de la tête, et aucun domestique ne se chargea de la lui rappeler…
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Besméatix
Poete
Besméatix


Nombre de messages : 170
Date d'inscription : 12/08/2005

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MessageSujet: Re: Chantilly: un Golgotha ?   Chantilly: un Golgotha ? EmptyVen Avr 14 2006, 21:41

... et effectivement, on vit le Sous-Lieutenant se pointer à Chantilly le lendemain, de bonne heure malgré sa cuite de la veille, le regard réveillé mais l'expression morose. Et dire qu'il devrait faire ce trajet pendant une semaine entière... Déjà qu'il essayait de dépêtrer, dans sa tête, toutes ces histoires de clans de Mousquetaires bouffeurs de sel qu'il avait gardé en mémoire depuis la veille à l'auberge... tout ça ne faisait strictement aucun sens à vrai dire...!

Arrivée aux grilles, le Sous-Lieutenant Besméatix se présenta.

- Sous-Lieutenant Besméatix au rapport.

Sans grand enthousiasme, il attendit qu'on lui réponde.
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Louis II, Prince de Condé
Poete
Louis II, Prince de Condé


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Date d'inscription : 30/11/2005

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MessageSujet: Re: Chantilly: un Golgotha ?   Chantilly: un Golgotha ? EmptyMer Mai 10 2006, 19:06

A peine Louis avait-il quitté la Duchesse d’Agenois et ses délicates fragrances, que Germain fit son apparition.

Votre Altesse, un mousquetaire répondant au nom de Besméatix patiente devant le château depuis un certain temps. Dois-je le faire entrer ?

Une lueur démoniaque se mit à briller dans le regard du Prince, rendu rêveur par la charmante apparition de cette matinée. L’Heure de la Vengeance avait sonné.

Le visage déformé par un affreux rictus, Louis, deuxième du nom, houspilla violemment son Maître d’Hôtel.


Bien sûr que vous le faites entrer, sombre idiot! Souhaiteriez-vous par hasard qu'il prenne racine? Allez Germain! Réveillez-vous! Ne restez donc pas planté là comme un poireau dans son potager! Amenez-le moi!

Le malheureux domestique fuit la pièce plus qu’il n’en sortit. Le Condé des grands jours semblait bel et bien de retour…

Pourquoi n’avait-il pas été affecté au service du Duc de Saint-Simon comme son cousin Ponce ? Servir le plus Grand des Grands… La belle affaire… Il aurait accepté les ordres de n’importe qui, même de quelque hobereau auvergnat ! Mais se plier à la volonté de cette nauséabonde relique d’un autre temps, quelle plaie !

Tout en ressassant sa rancœur, Germain parvint à la porte d’entrée derrière laquelle patientait un mousquetaire grisonnant.


Son Altesse s’excuse de la trop longue attente qu’elle vous a, malgré elle imposée.

Ladite Altesse n’avait jamais proféré une seule parole d’excuse de toute son existence. En se permettant cet insolent pied de nez, Germain risquait quelques coups de bâtons bien sentis. Au pire, il pourrait même être renvoyé. Etrangement, cette pensée ne le remplissait pas d’effroi… mais semblait plutôt le pousser à plus d’irrévérence…

Veuillez me suivre Monsieur Besméatix. Son Altesse vous attend.

Comme il venait de le faire avec la Duchesse, il fit parcourir au visiteur un véritable dédale de salles et de couloirs. Le seul objectif de cette interminable déambulation était d’impressionner durablement tout visiteur par le faste des Condé. Germain ne pouvait s’empêcher de trouver cette coutume totalement stupide : le bureau du Prince se trouvait à deux pas de l’entrée…

Lorsqu’ils y parvinrent, après avoir effectué une savante errance dans tout le château, Germain actionna la poignée et annonça le sous-lieutenant, avant de s’effacer devant lui.

Impérial derrière son bureau d’acajou, le Prince avait revêtu le masque du Grand Condé… qu’il perdrait dès la sortie de son visiteur.


Monsieur Besméatix, heureux de vous revoir. Je vous en prie, asseyez-vous…
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