Boccadoro était assise à califourchon sur un coussin richement brodés de fils aux couleurs vives et chatoyantes. Elle écoutait le débat des hommes, critiques de l’œuvre d’un dramaturge renaissant, avec un respect admiratif. La Vénus s’était vêtue en conséquence du recevoir de ses beaux messieurs : robe d’une simplicité déconcertante, d’un blanc crémeux, sous un corset lacé sur le ventre et délacé au niveau de la poitrine. La jeunesse de 22 ans demeurait indifférente aux regards qui se posaient sur le haut de ses seins découverts. Ses mamelons d’un rose pâle, perçait à travers le fin tissus diaphane de sa chemise et demeuraient à peine perceptible faute d’une certaine pudeur (ou par coquetterie?) car la demoiselle avait pris le soin de les placer sous son corset de manière à ce qu’ils soient à vue que lorsqu’elle se penchait pour ramasser sa chope de bière.
Émilie avait relevé indécemment ses jupes à la hauteur de sa mi-cuisse, dévoilant ses jambes recouvertes de bas de dentelles blanches qui lui montaient jusqu’aux genoux… et ses mi-cuisses d’albâtres nues. Ses épaules étaient également dénudées, situées entre les bretelles de son corset de bergère et les manches tombantes et bouffantes de sa chemise (qui se terminaient elle-même au coude, retenue grâce à des rubans d’un jaune délavé).
Sa chevelure d’un roux foncé était relevée en une coiffure à la mode de l’époque. Quelques rares rubans étaient noués ici et là, ajoutant un semblant de richesse à la tenue de la fille de joie.
Ces riches messieurs lui glissaient régulièrement une œillade lourde de sous-entendus. Quant à Émilie, elle caressait envieusement du regard les bourses bien garnie de piecettes de ses beaux gentilhommes.
Les autres catins rassemblées dans le salon s’étaient dispersées. La plupart d’entre elles s’étaient trouvés un genou sur lequel s’asseoir et exhiber ses attraits et ses flatteries, elles roucoulaient dans le cou des mâles enivrés de douce liqueur alcoolisée qui leur brouillait l’esprit et enflammait leurs sens. Les autres paradaient encore, entre les tables, vendant leur charme au plus offrant.