1663 : Face aux Feux du Soleil
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1663 : Face aux Feux du Soleil

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 A la recherche du temps perdu...

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Jean Racine
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Jean Racine


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MessageSujet: A la recherche du temps perdu...   A la recherche du temps perdu... EmptyDim Jan 27 2008, 18:49

Paix à Marcel qui naîtrait quelques siècles plus tard. Car aujourd'hui, de nombreux sujets d'inquiétudes venaient perturber la promenade de l'Ecrivain. Et l'Ecrivain du moment, c'était Jean Racine.

Il cherchait l'inspiration. Cette inspiration douce et merveilleuse qu'il avait souvent connue au travers des rues grises de Paris. Alors il marchait, de long en large et de large en long, de rues en rues, de quartiers en quartiers. Il cherchait sa Muse dans les plus petits recoins de la ville, sous les ponts et au dessus, au bord du fleuve et des fontaines, près des auberges et des hôtels particuliers.

Il cherchait, il cherchait et recherchait en vain. Il se cherchait lui-même et il aurait usé la semelle entière de ses souliers en ces incessants aller-retours qu'il ne se serait pas mieux retrouvé. Aujourd'hui devait être un jour stérile. Un jour de moins pour la tragédie et son salut. Le compte à rebours s'amenuisait... Six jours, c'était bien maigre comme perspective.

Le Dramaturge n'arrivait pas à vraiment y croire. Pourtant, il en avait connu des retournements de situations, des révélations nocturnes, des envolées lyriques et du papier noirci à la hâte. Pourquoi pas une nouvelle fois ? Pourquoi l'unique entrevue d'un échec inexorable ?

Parce qu'il était un grand pessimiste. Nous le savons. Il n'était arrivé à s'exhalter que de trop rares fois dans toutes les années qu'avaient déjà vues sa vie. Et toujours, les méandres de l'angoisse venaient l'étouffer, le contraindre à respirer difficilement et à agir en fou.

D'ailleurs, c'est ce dont il avait l'apparence, à brasser ainsi l'air d'une ruelle en ce moment précis. On se demandait un peu ce qu'un homme sain d'esprit pourrait trouver comme agrément à marcher furieusement sur le pavé de Paris.
Le pire était qu'il ne s'apercevait que peu de son état. Il remâchait ses noires humeurs et marmonnait dans ses dents des vers qui n'avaient ni queue ni tête.

Piètre poète que celui-ci mais personnage hautement tragique de cette ruelle. Ah Seigneur ! Pourquoi l'avoir abandonné ?
Au milieu des "assassiné", des "hélas" et des "ô dieux" (antiquité, quand tu nous tiens), Racine ne se rendait pas compte du ridicule de son état. De plus, il avait vaguement congédié ce brâve Antoine, l'abandonnant dans la froide humidité de la chambrette qu'il louait.

Soudain, soit que ses jambes donnèrent d'alarmants signes de faiblesses, soit que la raison eût de nouveau établi son empire sur les passions excessives, l'Ecrivain se laissa tomber sur un banc, comme autrefois il l'avait fait, au coeur de Paris, lorsqu'il était promis à tant d'espoirs. Qu'étaient-ils donc tous devenus, où avaient fui les espérances d'antan ? Son regard n'arrivait point à se fixer sur un objet précis, tout comme ses pensées virvoltaient dans le néant de sa boîte cranienne... Son inspiration avait-elle sombré dans les abysses tout comme l'embarcation qui l'avait rejetté sur les rivages français ?

Ciel, que son existence lui semblait rude... Une illumination vite ! Ah il le savait, il aurait du entrer dans les ordres ! Peste de la littérature !
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Evangéline
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Evangéline


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MessageSujet: Re: A la recherche du temps perdu...   A la recherche du temps perdu... EmptyLun Fév 25 2008, 00:30

Si certains cherchent leur inspiration perdue sous le ciel gris et sur le pavé boueux de la capitale en cette fin du mois de janvier 1664, d'autres font courir vite leur diligence pour s'éviter, ou du moins faire durer le mois de temps possible, un si morne spectacle.

En réalité personne n'était véritablement pressé par quoique ce soit dans cette voiture qui venait de Fontainebleau, mais le cocher savait les règles naturelles qui régissaient ce microcosme qu'étaient les veines de Paris: à avancer prudemment, on finissait par ne plus avancer du tout, à conduire à la limite de verser, personne n'osait plus guère trainer la patte devant les roues folles. Ce n'était pas que la conduite sportive n'avait pas ses charmes, mais la galante balottée à l'intérieur se cramponnait fermement, luttant pour garder son déjeuner en bas...

On était mercredi et comme à l'accoutumée, la Montberry se rendait dans le quartier du Marais où l'on tenait salon entre beaux esprits. Beaux esprits, c'était souvent beaucoup dire. Comme dans une ferme de province on y trouvait de tout: des oies soit, voilà qui ne changeait guère de la Cour, des paons évidemment, toutes plumes dehors, de vieilles chouettes et oui, des cochons bien sûr, heureux de s'ébattre dans la fange des ragots et d'en éclabousser les autres, se baffrant et se gaussant sans cesse...
L'image fit sourire la dame: elle-même était un peu de tous à la fois, mais hey! que vaut la vie sans une once de fatuité et de poison? Aujourd'hui, elle avait envie de rire. De tout, de rien, peu importe. Et si c'était au dépens des autres, eh bien tant mieux! Ou plutôt tant pis... enfin bref... certains sont ridicules ou bien risibles de nature, Dieu soit loué de ne pas les avoir ommis de Sa Création!

Marchant le nez au vent et la tête en l'air, alors que les sabots des chevaux battaient le sol de plus en plus près derrière lui, un imprudent ne s'écartait pas... Ebahis face à tant d'inconscience, le cocher ne songea même pas à ralentir, croyant jusqu'à la dernière minute que le fou sauterait sur le haut du pavé! Nenni! Ce fut lui qui s'écarta pour échapper à un accident autrement inévitable et faillit passer par dessus ses chevaux, la voiture manquant de peu de se renverser avec perte et fracas, ce qui n'empêcha pas Evangéline de croire voir ses jupes passer par dessus sa tête...

Sonné, mais pourtant solidement ancré dans la réalité, lui, le cocher sanguin ne se priva pas d'apostropher avec abondance l'écervelé. Les noms fusèrent: "Fadat", "Cul de basse fosse"
["Moule à gauffres", "Boit sans soif", "Ectoplasmes" Razz] bref le bonhomme se trouva tout entier habillé pour l'hiver, qui était fort rude cette année rapellons-le...

Entendant les jurons parvenir du dehors, Evangéline sortit sa tête contrariée bouclée, fardée et parfumée plus que de raison et le questionna:


-Mais quelle est cette farce? Octave!!! _puis sont visage crispée se métarmophosa comme elle reconnaissait l'homme qui avait bien faillit lui coûter son attelage_ Oh! Mais quelle heureux hasard! Monsieur Racine! Vouliez-vous observer le fer de mes chevaux d'un peu plus près, dites-moi?!

Par les culottes de la Reine Mère! Un fantôme... Depuis tout ce temps passé loin de la Cour, d'objet de raillerie ou de pitié, Racine était passé au stade de légende! Etait-il vivant, mort? Travaillait-il pour un prince étranger? Certains le disaient en contact avec la belle-soeur du Roi, d'autres reclus en province avec la misère et le désespoir comme seules muses désormais...
Evangéline glissa son regard de haut en bas sur sa personne: c'était négligé... pas miséreux, seulement... froissé... Qu'importe! La comédienne visait déjà son succès futur: elle venait de remettre la main sur le disgrâcié le plus célèbre d'Europe, elle n'espèrait pas en tirer plus: elle imaginait la rumeur se répendre comme une trainée de poudre! Oh, comme ça à vue de nez elle durerait bien... deux bonnes semaines... rien que pour ce seul fait!
On est dame de Cour ou on ne l'est pas: Evangéline voyait djà plus loin...


- Vous allez quelque part peut-être, laissez-nous vous déposer! Nous causerons...

Le sourire carnassier et la main déjà passée au travers de l'ouverture de la porte, posée sur la bobinette, [et la chevilette cherra...Mr. Green] le ton était vague mais prometteur. La comédienne n'en attendait pas moins...
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Jean Racine
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Jean Racine


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MessageSujet: Re: A la recherche du temps perdu...   A la recherche du temps perdu... EmptyJeu Juin 26 2008, 19:53

[Encore une de ces "absences" dont ce personnage commence à avoir le secret. Mais non, Jean Racine n'est pas mort ! Jamais !]

Il s'était assis là sans comprendre que pendant de nombreux pas il avait gêné un si fier attelage et failli le faire verser dans le bas-côté. Jean Racine était dans la Lune, Jean Racine était aux mains des chimères qu'il appréciait. Il retournait dans les tréfonds de son être l'image de son corps chutant dans les abysses et s'il manqua de chuter réellement, ce fut par la surprise de cet appel.

Son nom. Qui résonnait de nouveau sur les pavés gris du beau Paris. Sa ville car c'était celle des théâtres et des cabales. Celle des racontars et des messes basses. Pourtant là, rien de bas. Une voix cristaline qui le heurta en plein dos et qui lui fit relever son visage rêveur. Quoi ? Un visage connu par ces temps d'abandon ? Un visage ami ?
Avec toute sa bienveillante naïveté, le jeune Dramaturge le crut. Il se leva d'un bond et avec son habit guère reluisant, exécuta une révérence qui aurait pu paraître un tantinet trop pompeuse aux vues de l'accoûtrement. Mais la théâtralité ne le quittait jamais trop longtemps...

Il s'écria, un peu enroué mais aussi avec un ton plus profond, comme s'il avait grandi lors de ses aventures italiennes :

- Madame ! Madame de Montberry ! Quel plaisir de vous revoir après si longtemps.

Il s'approcha, le cher petit agneau, prêt à se sacrifier aux calomnies. Seulement, il était loin d'entrevoir pareil dessein. Il était surpris, il était pris au dépourvu et d'ailleurs, il se tortilla mal à l'aise, ne sachant pas s'il fallait refuser l'invitation et avouer qu'il n'avait aucun endroit où aller, ou entrer et devoir parler à quelqu'un qui l'avait connu dans une posture préstigieuse et qui le retrouvait dans la pire des déchéances.
Oh certes, il s'imaginait fort bien être l'objet des railleries, à la Cour et ailleurs. Mais Evangéline, par son statut de comédienne, ne pouvait être considérée comme les autres femmes par le Poète. Elle devait forcément le comprendre.

Pauvre fou ! Il ne voyait pas ces griffes acérées qui déjà l'attiraient dans l'antre afin de rire à ses dépens. Trop honteux de décliner une invitation qu'il prenait pour une pure politesse, il accepta :


- Oh si ça ne vous dérange pas, j'aimerais me rendre à l'Hôtel de Bourgogne.

Pourquoi avait-il donné cette destination entre toutes ? Alors qu'il n'avait fait jusqu'alors qu'espérer que ses tragédies seraient jouées un jour là-bas, plutôt que par la troupe de Molière qui lui faisait trop d'ombre...
Il ne put que penser, avec amertume, qu'aujourd'hui, l'Hôtel de Bourgogne ne voudrait même pas le laisser approcher. Le monde de la scène connaissait-il encore ses vers ? Il était peu probable que Saint-Aignan ait travaillé à la publication de Desdémone depuis la disparition de Racine et surtout sa disgrâce, encore moins à faire jouer sa pièce dans Paris.

Le Dramaturge prit son courage à deux mains et avec un vague sourire forcé sur les lèvres, comme s'il portait le poids du Monde sur ses épaules, il s'avança jusqu'à l'endroit où le marche-pied serait abaissé.
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