1663 : Face aux Feux du Soleil
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1663 : Face aux Feux du Soleil

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 Une chaotique arrivée

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MessageSujet: Une chaotique arrivée   Une chaotique arrivée EmptyMer Juin 04 2008, 20:19

Monsieur de la Bruyère avait fait presque deux journées de voyage pour rejoindre Fonainebleau de Paris. Loin de penser qu'à son départ, son trajet serait chaotique...En effet, il avait passé un première nuit agitée, par les rafales de vents qui soufflaient, par la pluie qui ne s'arretait plus de couler. Son corps était glacé, il tremblottait, c'est toujours à ces moments ci, que pris par une sorte de folie, on en veut à la terre entière. Son valet était aussi épuisé, à la différence de Monsieur, lui était dehors...Et il ne ressemblait plus à un valet mais à une sorte de loque humaine, ces cheveux étaient collés à son front et il ne voyait plus son chemin. Décision fut alors prise de s'arreter en lisière de route, ce qui provoqua la colère de La Bruyère:

"Comment ose-tu t'arrêter en un tel chemin? Si nous ne mourons pas de la pneumonie, nous mourons par la lame des voleurs! Reprend la route et écoute ton seigneur pour une fois...Je suis aussi éreinté que toi, j'aimerai à l'aube réjoindre la Château pour me reposer en un lieu sûr.

-Mais je n'en puis plus, je grelotte, je ne vois plus rien, j'ai besoin de sommeil...Vous n'avez qu'à reprendre la route, vous! Mais moi je reste ici...

-Je pars alors, je n'ai pas une minute à perdre!

-Mais....Mais"

Et oui, La Bruyère était déjà loin, mais pour qui se prenait-il ce valet? Monsieur de la Bruyère attendre un peu plus un destin dont il rêve depuis tout petit, jamais!! Aucunes minutes supplémentaires ne s'auraient le séparer d'un glorieux destin. Et entre nous, quel plaisir de laisser ce valet fainéant, qui osa lui tenir tête en pensant qu'il ne tiendrait jamais les rennes...Mais La Bruyère a justement toujours voulu tenir les rennes certes de sa vie, mais nous sommes dans cet épisode pas loin de cela.

Monsieur de La Bruyère était loin maintenant de son sot de valet, il était sortis de cette rude et ténébreuse forêt. Mais dans quel état? Un costume boueux, une mine déconfite, des cernes, tremblottant mille fois plus que cette nuit passée...Il était temps qu'il arrive et justement les premières maisons se faisaient voir....

Les gueux comme il les qualifiait car ils étaient loin de tout culturellement, ne pensant qu'à ce qu'ils mangeraient au repas suivant ou à leur vaches et veaux...Alors que lui, oui lui aimer l'art, la finesse, la pureté en somme. Il les regardait avec un air dédaigneux, l'air de montrer sa supériorité intellectuelle, seule supériorité visible à ce moment-ci...Et oui, nous ne pouvions penser de loin qu'à un gueux sur un cheval, vu les haillons qu'il portait.

Il demanda son chemin, on le lui donna sans questionner....ahhhhhhh la force de la persuasion et de la bourse...Il entra alors dans cette fabuleuse cour...Fatigué mais fier du chemin qu'il avait accomplis déjà sur soi-même...Il souffla et pense à tout ce qu'il restait à faire pour faire parti des fidèles du Roi...Il se sentit un rien abattu...mais repensa à sa volonté de sang bleu...Il va faire parti des grands maintenant...Il le sentit intimement...


Dernière édition par Jean de La Bruyère le Mer Juin 04 2008, 22:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une chaotique arrivée   Une chaotique arrivée EmptyMer Juin 04 2008, 22:09

Fontainebleau avait certes connu des jours meilleurs. Engluée dans une abjecte monotonie, la Cour s’ennuyait ferme. Nul bal, nul divertissement en prévision. Apollon se terrait au fond de quelque grotte, Bacchus ronflait bruyamment, quant à Chronos, il semblait avoir brisé son Divin Sablier et peinait à en réunir les morceaux épars. Pour couronner le tout, Zeus lui-même avait cessé ses célestes et brillantes représentations, pour laisser place à un ciel morne, vide, suintant parfois quelques gouttes comme c’était présentement le cas.

Au beau milieu de ce paysage esthétiquement médiocre, la Cour du Cheval Blanc transpirait une boue putride, qui l’apparentait davantage à un marais insalubre qu’à l’Antichambre de la Cour de France. Seul un jeune homme et sa monture, nouvellement arrivés, semblaient la hanter. Un spectre –que dis-je, une ombre !- n’allait pas tarder à compléter ce lugubre décor.

Ladite liche était pour l’instant confortablement installée sur la vétuste banquette matelassée de son carrosse. Lancée à toute allure sur le sentier fangeux menant au château, la berline tressautait sur chaque ornière, grinçait, craquait, hurlait de toute son âme son indicible souffrance, mais il s’agissait là du cadet des soucis du revenant.

Jugeant certainement la cadence trop faible, la créature tira violemment la tenture pourpre la séparant du monde des vivants et exposa sa face blafarde aux regards des hommes. D’un rude coup de canne flanqué sur la cuisse de son cocher, le passager manifesta sa chaleureuse présence :


« Philibert ! C’est encore loin ? »

Tétanisé par cette agression d’outre-tombe, le cocher se figea.

« Euh… Non Votre Altesse, nous serons sous peu devant les grilles. »

« Plus vite sombre crétin, plus vite ! Vous désirez être attelé aux côtés des chevaux vos congénères? Plus vite !»


Philibert ne releva pas, prit une profonde inspiration, et cravacha violemment les quatre chevaux épuisés qui menaient l’équipage. Etre le cocher attitré d’un Prince de sang était… profondément gratifiant. Socialement du moins. Quoique…

Le Prince de Condé (dont vous aurez certainement reconnu la Grâce légendaire) s’engouffra dans le véhicule et rumina à nouveau, l’une de ses activités favorites depuis sa Déchéance. Revenir à la Cour après le choc traumatique de la loterie l’enchantait. Supporter les regards et les sourires l'exaltait. Se courber douloureusement devant son délicieux cousin le comblait. Pourtant, il le fallait. Voilà pourquoi Louis II s’astreignait tous les trois mois à une visite de pure « courtoisie » à la Cour.

La grille de fer forgée était en vue… la boue de la place ne l’était pas…

Hanté par la sordide idée de finir harnaché au carrosse princier, Philibert accélérait encore et toujours l’allure…

La berline franchit la grille à la vitesse d’un javelot (le Grand Siècle n’est-il pas celui de l’emphase ?), projetant de fangeuses giclées sur le jeune homme qui se trouvait là. Mais indifférente au sort du malheureux, elle continua sa course…

A cette vitesse, avait-elle encore le choix ?


Dernière édition par Louis II, Prince de Condé le Lun Juin 16 2008, 00:54, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Une chaotique arrivée   Une chaotique arrivée EmptyJeu Juin 05 2008, 12:28

Morbleu, le pauvre La Bruyère déjà si arrassé, le voilà de surcroit couvert de fange...Seuls ses yeux étaient visibles, le reste ne formant qu'un immonde bloc pareil à une énorme termitière...La colère, que dis-je la rage, montait en lui. Comment ose-t-on bafouer et ignorer une personne de son rang? Et qui était ce personnage arrivant dans cette berline à si haute vitesse? Par Dieu, ne pouvait-il pas l'éviter? Mais la Bruyère avait plus d'un tour dans son sac, et se dit qu'il serait dommage de commencer sa vie de Cour par une pétarade...

Il se débarbouille rapidement, et avec ses mains aussi crottées que ses chausses, il commença à retirer la boue qu'il avait sur le visage...Il remit rapidement de l'ordre à sa tenue, bien que boueuse, mouillée...Loin de celle d'un homme de Cour...

Et attendit de voir la personne qui descendrait de cette berline, somme toute royale...A l'interieur de lui sommeillait cette rancoeur, si cette personne n'a pas le statut qu'inspire cette Berline alors il s'aura en droit de lui faire goûter son bâton de gentilhomme...

Il attendit devant le portique d'entrée...Le temps commença à devenir long, et puis le valet assis sur sa piteuse banquette, descendit et apostropha:

"Monsieur Le Prince!!!"

Comment Dieu est-ce possible? A peine arrivé, rencontrer un prince de sang? Il oublia alors la boue et toutes les tracasseries des heures passées...Il avait même reçu en plein visage, une sorte de "fange à demie-royale"...

Puis le valet ouvrit la porte de la berline, et là: un magnifique genoux, plutôt admirablement musclé fut dévoilé au grand jour. L'habillage était somme tout royal...Et bientôt ce fût le corps et le personnage entier qui descendit. Une grace, une élégance, quelque chose que Mr de La Bruyère n'avait jamais vu, même dans les milieux les plus guindés qu'il avait cotoyé...Un Prince, dont le visage n'était guère visible par le capuchon qui était sur sa tête... La semie obscurité n'aidait pas l'identification de cet illustre personnage...Une dégaine et une prestance toute princière...Monsieur de la Bruyère s'approcha, se mit à genou et dit:

"Heureux de vous rencontrer, Monseigneur!! Vous êtes aussi élégant qu'on me l'avait dit! Reste à savoir si votre élégance est aussi fine que votre matoiserie n'est developpée."
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MessageSujet: Re: Une chaotique arrivée   Une chaotique arrivée EmptyDim Juin 08 2008, 18:09

Sur l’Olympe, un mystérieux carillon venait de retentir, et déjà la foule divine se pressait sur l’orgueilleux balcon surplombant les mortels. Apparemment, il semblait y avoir quelque agitation en contrebas…

Une indicible terreur venait de naître sur les traits d’un infortuné cocher, alors qu’il prenait tout juste conscience de l’Enfer qui s’ouvrait sous ses pieds, prêt à le happer vivant.

L’Escalier en Fer à Cheval se rapprochait dangereusement, et Philibert comprit qu’il lui serait impossible de s’immobiliser à temps.

Inconsciente du drame qui se jouait devant elle, Son Altesse Sérénissime tripotait nerveusement sa canne d’ébène sertie d’or, tout en réajustant sa mise. Comme à l’accoutumée, sa mine était sinistre, mais la Cour s’en contenterait !

Après une courte prière, et dans l’optique d’un improbable virage, le cocher tira violemment les rênes sur le côté, provoquant les hennissements de douleur de ses montures. La rotation s’amorça… jusqu’à ce qu’un horrible craquement ne déchire l’air…

Le carrosse princier avait jadis été fastueux. Aujourd’hui, c’était une ombre… Les dorures étaient désormais bien noirâtres, les tentures avaient moisi, et l’une des roues était amputée d’un rayon… Sur la portière, le blason en brisure des Bourbon-Condé, d'azur à trois fleurs de lys d'or, au bâton péri en bande de gueules en abîme, s’écaillait quelque peu et avait connu des jours meilleurs. Pire, l’essieu avant avait plus d’une dizaine d’années…et venait justement de rendre son âme à Saint Fiacre, entraînant dans sa déchéance l’une des roues avant…

Philibert fut projeté dans les airs, et atterrit sur l’échine de l’un des canassons terrifiés, qui se cabra brusquement, l’entraînant dans une fuite éperdue.

Il n’y avait plus de pilote dans la berline.

Dans un infernal concert sonore, le carrosse acheva de se désolidariser de son attelage, et poursuivit sa folle course vers les marches du palais, tutoyant de plus en plus les pavés de la cour…

Une tête hallucinée émergea de la portière dans un hurlement…


«PHILIBERT, QU'EST CE QUE…»

… qui mourut subitement, remplacé par une glaçante expression d’effroi.

Le carrosse acheva de gîter et épousa violemment le sol chaotique, tressautant encore et toujours, laissant derrière lui un sillage de débris divers.

Après un long et retentissant dérapage, cette masse informe et brisée percuta violemment la rembarde de l'escalier ouest, et s’immobilisa dans un ultime râle.

La Cour était désormais jonchée de reliques : roues, rennes, tenture, canne d’ébène torsadée d’or… Le jeune page du Prince gisait inanimé sur le pavé, projeté par la furie du choc.

Au loin, les hurlements du cocher retentissaient toujours, alors que l’attelage désarticulé fuyait le champ de bataille.

Sur l’olympien balcon, les dieux avaient retenu leur souffle. C’est cet instant que choisit Morphée pour rendre sa liberté au jeune homme assoupi près des grilles du palais. Puis, un sourire aux lèvres, Pluton fendit la foule et se pencha vers la scène, suivit de la lugubre Atropos, qui l’écume aux lèvres s’apprêtait à actionner son ciseau sur un fil déjà tendu…

Au milieu de la Cour, brisé par la rudesse de l’accident, le blason du Prince achevait de s’engluer dans une fétide flaque de boue, alors qu’une pluie battante nappait la scène de sa régulière cadence.


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MessageSujet: Re: Une chaotique arrivée   Une chaotique arrivée EmptyDim Juin 08 2008, 19:19

Monsieur de La Bruyère s'était, en effet, endormi et revait à une augure destinée...Mais un bruit, que dis-je, une bruyance divine se faisait entendre à quelques pas de notre auguste ami...Alors qu'il venait de rencontrer dans ce songe, un illustre prince...Quelle injustice...

Il mit un peu de temps pour s'en défaire et bougonna quelques peu...Mais se rendit vite compte de la scène dramatique qui se jouait à côté de lui...Hum que faire? Faire comme si il n'avait rien vu et ainsi ne pas se salir les mains? En somme, se comporter en bon homme de cour...Mais Monsieur n'a pas pas encore eu la dure et douloureuse expérience...Et se jetta sur le corps inanimé au sol...

Il respira profondement et garda son sang froid...Il demanda à ce qui semblait être un valet s'il l'entendait, s'il était conscient...Mais rien...

Il retira alors les habits du pauvre homme et commença une sorte de massage cardiaque, qui , il faut le dire n'était pas très maîtrisé par l'apprenti avocat mais fermons les yeux...Quelques coulées de sang mélangées avec de l'eau sortirent alors de la bouche de l'estropié...Et celui-ci se releva brusquement et accoura vers les débris...En beuglant quelque chose d'incompréhensible...

Et ironie du sort, je me trouva à courrir derrière une sorte de malade imaginaire!!
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MessageSujet: Re: Une chaotique arrivée   Une chaotique arrivée EmptyDim Juin 15 2008, 01:16

La silencieuse Mnémosyne avait semble-t-il cédé à la morosité ambiante. Toute la journée durant, elle avait soupiré d’ennui, la main posée sur son fin menton, laissant une moue boudeuse envahir ses traits délicats. Elle s’était alors réfugiée dans quelques olympiens plaisirs, s’enivrant encore et encore du Nectar divin. Mais alors qu’elle faisait de l’Ambroisie un cosmétique usage, sublimant à nouveau ses traits juvéniles, la mère des Muses fut interrompue par une clameur venant de l’extérieur. L’espace d’un instant, elle songea à un énième scandale amoureux du Dieu des Dieux, éventé par sa revêche épouse : peut-être s’était-il une nouvelle fois épris de quelque mortelle pucelle, métamorphosée cette fois-ci en dinde afin de la rendre translucide aux yeux de Junon ?

Elle abandonna donc sa couche, rajusta les perles et pierreries maintenant sa soyeuse chevelure, et quitta son temple. Une extrême effervescence régnait autour d’elle : tous, Dieux olympiens, divinités mineures et demi-dieux, accouraient vers l’immense surplomb dominant les mortels.

Lorsqu’elle s’approcha à son tour du parapet, il ne lui fallut qu’une fraction de seconde pour comprendre ce qui agitait les dieux ce jour-là… et le divertissement qu’elle pourrait en retirer. Un coup d’œil à ses côtés lui indiqua qu’elle n’était pas la seule divinité à s’être fait cette réflexion : un noir sourire illuminait déjà Pluton…

Elle détacha alors promptement une perle de sa chevelure, et d’un geste discret, la fit rouler sur la balustrade, jusqu’à ce qu’elle tombe dans le vide et se mêle aux gouttes de pluie.

Radieuse, Mnémosyne quitta le promontoire, et s’en alla se mirer dans l’immense psyché de son temple, afin d’y suivre l’évolution de ce don imprévu…

Plus bas, se déroulait une scène bien plus pathétique. Au milieu des débris épars, un jeune valet venait de reprendre conscience, avec l’aide providentielle d’un parfait inconnu. Relevé par l’on ne sait quelle force, il avisa la carcasse échouée du vaisseau princier et s’y précipita, en quémandant à pleins poumons une aide extérieure.

Au loin, les hurlements du cocher faiblissaient. Sa monture improvisée devait déjà s’enfoncer au grand galop dans la noire forêt de Fontainebleau…

Lorsque Pierre arriva devant l’épave affaissée, l’ampleur des dégâts lui fit craindre pour la vie du Prince… mais surtout pour son propre avenir professionnel. Une ouverture béante remplaçait la portière, arrachée par la violence de l’impact. Il dut escalader l’essieu brisé, éviter la roue qui tournoyait encore en grinçant, avant de passer la tête dans le gouffre, et de lancer un hasardeux
« Vo… Votre Altesse ? Vo… vous…»

Les mots s’étranglèrent dans sa gorge.

Ladite Altesse était bien là. Seulement, alors que Pierre s’attendait à trouver une épave sanguinolente, brisée, en un ou plusieurs morceaux, il découvrit le Prince... dans un état inimaginable.

Debout, droit, fier, superbe, la perruque harmonieuse et la pose élégante, le Prince de Condé souriait. Il leva la tête, et d’une voix grave et posée, contrastant avec son glapissement ordinaire, il s’adressa à Pierre, médusé.


« Ah Pierre ! Vous voici ! Je ne sais ce qu’il est advenu, mais j’imagine qu’il s’agit là d’une fourberie des Espagnols ! Francisco de Melo va savoir ce qu’il en coûte d’oser s’attaquer aussi lâchement au Duc d’Enghien ! Aidez moi voulez-vous ?»

Mécaniquement Pierre saisit la main gantée que lui présentait le Prince, et l’aida à s’extirper de feu la berline.

Son esprit était en ébullition. Pourquoi le Prince se désignait-il par le titre de Duc d’Enghien, titre aujourd’hui porté par son fils ? Que venait faire dans la conversation De Melo, le Gouverneur des Pays-Bas Espagnols, ennemi historique du Prince… mort il y a plus de dix ans? Et quel rapport entre les Espagols et cet accident? Mais surtout, où était passée cette vieille rosse de Condé ?

Le Prince sauta élégamment de l’épave -lui dont les rhumatismes et l’arthrite avaient tant fait résonner les murs de Chantilly- et se redressa majestueusement. Son sourcil droit se fit circonflexe, alors qu’il balayait du regard la cour, et reprit sa position initiale lorsque ses yeux se posèrent sur un objet échoué sur le pavé.


«Pierre ? Ma canne je vous prie.»

Stupéfait, Pierre s’exécuta. Lorsque le sceptre fut rendu à son propriétaire, celui-ci le fit nonchalamment valser entre ses doigts avant de le planter brillamment dans le sol. Sa mine se fit soudainement grave.

«Le Roi est mort, Pierre. Allez-donc me chercher un attelage. Nous devons nous apprêter pour ses funérailles. Puis nous repartirons au front écraser les Espagnols !»

La mâchoire de Pierre manqua de se décrocher et de rouler dans la poussière. Comme dans un rêve, l’esprit totalement anesthésié, il obtempéra, et se mit à courir vers les écuries royales.

Le Prince se figea alors, royal, en une pose de dieu grec triomphant, le regard vers le lointain.

Haut, très haut dans le ciel, Pluton enrageait. Le ciseau d’Atropos venait de se briser contre le fil tendu. Seule une intervention divine pouvait en être la cause. Mais tout autour de lui, tous semblaient abasourdis, comme subitement amnésiques…
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MessageSujet: Re: Une chaotique arrivée   Une chaotique arrivée EmptyVen Juin 20 2008, 21:28

Ce pauvre valet qui paraissait blessé et mourrant s’en alla vers la carcasse de la voiture...Et Monsieur de La Bruyère eut, au moment de l’ouverture de ce qui s’apparentait à une porte, une vision digne de la bible...Il y avait là un homme, pas une seule égratignure, la perruque parfaitement placée sur la tête, aucun plis sur le costume...

L’homme au futurs Caractères s’élança alors vers cette personne...et regardant sur son passage les possibles embûches, il crut reconnaître une armoirie dans un piteuse état, certes...Ce blason lui rappela quelque chose, mais impossible de mettre un nom, une famille sur ce blason...Etait-il important ? Il n’en savait rien, cependant cet homme avait une belle prestance et surtout du personnel de maison...

Mais le cauchemar de la Bruyère continua, un vrai ahuri ce miraculé...Qui voulait faire une guerre déjà fini et gagné contre les Espagnols...Pire criant la Mort du Roi...Il prenait pour sûr des risques...Annoncer cela dans la Cour du Cheval Blanc à Fontainebleau, cet homme est fou ?

Le questionnement prit soudainement notre homme de Lettres, était-ce un bon choix de se rapprocher de lui, au risque de se faire passer pour une de ces connaissances...A son goût, le risque était trop grand, il avait assez eu de mésaventures ces jours-ci...Et puis, il avait déjà sauvé un de ces homme de compagnie, l’honneur en avait était amoindrit...

Voila que celui-ci se prend pour le Duc d’Enghien...Il semblait bien vieux pour l’être...Il joua avec sa canne très belle et finement ciselée...

Mais finalement que penser? Ce pseudo Duc avait l’air d’avoir une grande richesse, avec un cerveau quelque peu en déroute...Peut être est-ce l’accident ? Ce qui est plausible...La Bruyère doutait, et cela de plus en plus...Il se risqua comme même à aller aux nouvelles...


" Monseigneur, Monseigneur le "Duc" comment allez vous? Vous avez fait là une belle cascade ? Et pas une seule blessure ! Si j'avais été un homme d'Eglise, j'aurais crié à la Sorcellerie ! Excusez moi, mais qui sont ces espagnols contre qui vous voulez combattre? Et le Roi ne me semble point Mort, nous aurions eu sinon un bal de lamentations ! J'eus oublié que vous sortiez d'un accident, et moi, maladroit, je vous assomme de questions..."
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