1663 : Face aux Feux du Soleil
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1663 : Face aux Feux du Soleil

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 La cour de Mars

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Old_D'Artagnan
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Old_D'Artagnan


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MessageSujet: La cour de Mars   La cour de Mars EmptyLun Mar 16 2009, 00:16

Un bel alignement de casaques bleues et rouges flottant au vent, deux belles séries de paires bottes en viril cuir luisant au soleil, une forêt géométrique de plumes que Monsieur Lenôtre n'eût point reniée. Voilà ce qui se pouvait voir en ce bel après midi dans la vaste cour qui s'étendait devant les jardins du Château de Fontainebleau.
Trente hommes, rangés sur deux lignes, se trouvaient là, bien droit mais sans raideur, à écouter les discours enflammés d'un espèce de frelon chatoyant qui faisait les cent pas devant eux, emporté par ses grands gestes et un drôle d'accent d'une lointaine contrée de France.

Ces hommes étaient des mousquetaires du Roi, mais plus précisément ces soldats là étaient ceux qu'on appellait couramment " les recrues" ou "les petits nouveaux". En résumé les derniers à être entrés dans la plus glorieuse des compagnies de l'armée française.
Des appellations pour le moins ironiques puisque, chacun de ces soldats d'élite avaient chacun au minimum deux ans d'expérience militaire derrière lui, sans compter les blessures et les années passées dans la garde royale.
La crème la plus fraiche des guerriers tirée du sang de la noblesse de France en somme.
A voir cette cérémonie de l'extérieur, on eut pu être tenté de s'esclaffer. L'excès apparent de la gestuelle de l'orateur pouvait avoir quelque chose de comique: il tapait du pied, ouvrait grand les bras, les refermait brusquement, grattait le sol sableux avec sa pointe de botte comme un taureau, sautait parfois d'un pied sur l'autre comme un danseur mimant on ne savait quelle curieuse scène de combat (vu de loin cela ressemblait plutôt à une matrone de Paris en train de passer la serpillière en râlant).
Alors, devant ce spectacle, réprimait-on des rires dans cette prestigieuse assistance ?
Certainement pas ! Car si d'Artagnan - le frelon c'était lui - gesticulait comme un orang-outang mordu par une tique, ses discours avait tout ce qui peut faire vibrer le coeur d'un homme de vingt à vingt cinq ans, plein de vénération. En effet il faut dire la vérité: sur les trente, on en trouvait environ une trentaine qui pensaient que d'Artagnan était le plus grand soldat que la terre de France eût jamais portée, ce qui à défaut d'être vrai, n'était pas tout à fait faux. En tous cas, le frelon lui en était persuadé.

Le contenu de sa harangue ressemblait à ceci:

D'Artagnan : " Alors vous voici mes gaillards ! Les derniers venus, les petits enfants à leurs pères. Bienvenue chez vous, mes enfants ! "

Puis s'arrêtant et levant une main comme au théâtre:


D'Artagnan : " Ne sortez point vos glaives Messieurs, il n'y a point de mal. Ce fut ma première à votre endroit et ce sera la dernière.
Oui ! C'est la dernière fois que vous m'entendrez vous appelez mes fils, car désormais votre père: c'est le Roi ! "


Les toisant d'un regard aussi joué qu'il était dur, il ajouta:


D'Artagnan : " Mais ne vous avisez pas de déshonorer la casaque que vous portez, sinon... Mon dernier soufflet précèdera votre dernier souffle, foi de Gascon ! "


Les mains posées sur les hanches et le sourcil froncé, la foudre était tombée de la bouche du Capitaine.

Il reprit:


D'Artagnan : " Tout à l'heure vous prêterez serment au Roi, on vous expliquera tous les détails de la cérémonie, mais en prélude à celle-ci, laissez moi vous expliquer ce que vous êtes désormais:
Vous êtes plus qu'une simple garde d'honneur, vous êtes un corps d'élite. Forts comme des Prétoriens et plus fidèles que des chiens de chasse.
Partout où le Roi, ira vous irez. Vous le protégerez en tous lieux, en toutes circonstances. S'il va à la guerre, vous devrez vous battre à ses côtés, prendre les balles, les coups épées et les boulets que ses ennemis lui destinent. Si on veut l'empoisonner, vous boirez la cigüe pour lui, si on cherche à ternir sa gloire, votre sang sera l'eau qui la fera briller à nouveau, et si un jour la lune s'avise de lui cacher le soleil, vous vous ferez la courte échelle pour la chasser à la pointe de votre épée !
S'il vous demande votre bras, offrez lui les deux et s'il demande votre corps tout entier, offrez lui votre âme !

C'est vous qui avez cette charge désormais et c'est le plus grand honneur auquel un gentilhomme français puisse aspirer que de la remplir. "

Le coeur (et les chevilles) gonflé(es) d'orgueil par les paroles de leur capitaine, les hommes étaient au bord de faire sauter leur justaucorps (et de craquer leurs bottes), lorsque un sourire apparut sur le visage du frelon.
Il dit:


D'Artagnan : " Mais pour rester digne de cela et pour se tenir prêt, il y a quatre heures d'exercice par jour... "


D'Artagnan savait le moment le plus opportun pour sortir cette phrase, qui arrivait à temps pour sauver les justaucorps (et les bottes).
Il ajouta avec une certaine nonchalance dans la voix:


D'Artagnan : " Et ce ne sera pas du luxe. Je vous ai vu un peu l'autre jour sur le champ de tir et j'ai remarqué que certains d'entre vous, pour ne pas dire la plupart, étaient assez maladroits avec un mousquet, ennuyeux pour des mousquetaires... "

A la limite de l'indignation, les jeunes mousquetaires se regardèrent pendant que D'Artagnan jubilait de son petit effet.
En voulant les laissez digérer, ou bien cacher son propre sourire, il tourna la tête et aperçut dans une allée l'ombre de quelqu'un qui approchait (ou de plusieurs personnes, il ne savait dire).
Il plissa les yeux, mais le soleil l'empêcha de l'identifier immédiatement. Il se dit en lui-même:

* D'Artagnan : " Mordioux, mais qui voilà donc ?!"
*

[A Toa chevalier Razz ]
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MessageSujet: Re: La cour de Mars   La cour de Mars EmptyDim Mar 22 2009, 21:05

C’était sans doute parce que cette journée de janvier se révélait délicieusement ensoleillée qu’un certain chevalier de Lorraine avait dédaigné la voiture qui s’était révélée d’un usage fort opportun lorsqu’il s’était rendu jusque dans Paris. Car aussi difficile que cela puisse être à croire par une aussi belle après-midi, quelques jours plus tôt la neige tombait encore dru rendant les routes peu praticables et laissant derrière elle un ciel maussade et un vent vicieux de gel humide. Et le chevalier s’était trouvé fort aise de n’avoir pas à subir la bise le trajet durant. Certes la durée du voyage n’en avait été qu’allongée et son arrivée en la bonne ville frondeuse retardée d’une journée entière. Cependant il est des affaires que même Philippe de Lorraine ne traitait pas qu’avec légèreté ou audace.

Hors ça ! La neige n’était plus que belle désormais, comme elle l’est pour qui n’a pas à aller à travers champs à pieds naturellement. A leur départ, elle scintillait joyeusement comme pour rappeler à certains qu’ils quittaient la ville avec, une fois n’est pas coutume, la bourse plus pleine qu’elle n’était lorsqu’ils y étaient entrés. Et si l’air restait glacial, il était plus vivifiant que mortifère. Aussi s’était-il mis en selle plutôt que de prendre place dans le coche, s’attirant un regard noir de la personne qui l’occuperait donc seule sur les lieues qui les sépareraient de Fontainebleau, ce dont il semblait n’avoir cure. Au galop qu’il lança sitôt les espaces ouverts sous les sabots de sa monture, il aurait été difficile de dire qui du cheval ou de l’homme prenait le plus de plaisir à la course qui faisait tourbillonner de légers nuages de poudreuses. Si bien qu’à l’étape qu’il avait fallu marquer à sexte, les reproches, tant de regards que de verbes, dont il était cible, n’avait fait que l’amuser, aiguiser son ironie, ou encore l’inciter à une subtile ambiguïté avec certains compagnons de route par pure provocation, comme pour mieux le préparer au retour à la Cour. Est-il bien utile de souligner que ce comportement ne fit qu’assombrir un peu plus l’humeur de la dame qu’il accompagnait « de bien lointaine façon » ? Mais après tout, il avait déjà obtenu de ce qu’il désirait de cette jeune femme, et si elle l’avait seulement connu un peu plus, elle se serait sûrement estimée heureuse qu’il l’accompagne jusqu’au château pour sa première introduction à la Cour.

Quoi qu’il en soit, lorsqu’il descendit de son cheval, seule la boue de ses bottes et la poussière sur ses vêtements indiquaient le long trajet qu’il venait d’accomplir, car le jeune homme avait de ces regards pétillants qui annonce un intrigant au meilleur de sa forme. Ce qui expliqua certainement qu’il fut le seul parmi la petite troupe à porter de l’attention à la voix qui résonnait depuis la Cour de Mars. Abandonnant aux autres les rennes de son cheval et le sort de la voiture qui n’arriverait probablement qu’une heure plus tard, c’est la démarche assurée qu’il se dirigea vers la cour en question, réajustant son chapeau que le vent avait porté en arrière et époussetant rapidement son manteau. Trois fois rien ma foi, en vérité elles n’étaient pas rares les mauvaises langues qui auraient qualifié de négligé tout courtisan qui se serait porté à la rencontre de n’importe quel autre représentant de la Cour encore recouvert des traces de son voyage et portant toujours l’épée et les mousquets, nécessaires si l’on ne voulait pas trop tenter le Diable (du moins dans ce cas précis) sur les routes du Royaumes. Enfin, les mauvaises langues auraient aussi pu dire que venant de lui, le viol des convenances devenait une véritable coutume.

Soleil dans le dos, il se permit un instant d’observer le manège du capitaine des mousquetaires du Roy. De l’apprécier en fait, car la gestuelle, les mots et l’accent roulant du Gascon étaient aussi divertissant que certaines pièces de Molière. Ah l’on pouvait dire qu’il savait manier la langue française… Gonflant d’orgueil ses recrues, pour les piquer de belle manière juste au moment où la fierté serait devenue de la vanité. Pour le coup il l’en aurait presque applaudit.

En parlant de recrues.. Tandis qu’il reprenait son approche, plus nonchalante cette fois, ses yeux bleus, experts en la matière, étudiaient avec une malice à demi-déguisée ceux qui ne tarderaient plus à jurer fidélité au Roy. Pour une âme dévote, que serait le plus difficile à concevoir ? Cette manière qu’un homme détaille d’autres hommes comme ils détaillent habituellement les femmes ? Ou que cette manière de détailler ne fut pas bien loin de celle qu’ont les palefreniers, les éleveurs ou les bons cavaliers de jauger un cheval ?


- Monsieur le Capitaine des Mousquetaires..

Tandis qu’il portait le gant au bord de son chapeau et inclinait légèrement la tête (point trop n’en faut), a voix était chaude, mais le ton de Cour lui était revenu naturellement. On était loin des « compères » dont il affublait certain.

- Il me semblait bien avoir reconnu votre voix. On vous entend depuis la Cour du Cheval Blanc.

Et de fait, qui d’autre qu’un militaire aurait eu assez de coffre pour que l’on entendit de là les échos de son discours. Ce fut sans doute cette atmosphère martiale d’ailleurs qui le fit porter ses poings à ses hanches en une excellente mais inconsciente imitation de son père.

- Mais je ne peux croire que vos recrues se trouvent si mal habiles, mousquets en main. Ils ne seraient pas prêts à entrer au service de sa majesté si cela avait été le cas, n’est-ce pas ?

Une petite fossette en virgule s’était creusée avec le sourire en coin qui avait ponctué la petite insinuation qu’il n’avait pu s’empêcher de glisser dans sa phrase. On ne se refait pas.

- Enfin, j’ose espérer que vous ne verrez pas d’inconvénients à ce que j’observe les talents de ces messieurs. Vous n’ignorez pas que j’ai eu moi-même quelque expérience militaire.

Son sourire était digne de ceux des gamins qu’on trouvait dans les innombrables rues de Paris, et qu’il avait sans doute plus fréquentés que de coutume parmi ses pairs...
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MessageSujet: Re: La cour de Mars   La cour de Mars EmptyMar Mar 31 2009, 14:35

Lorsque d'Artagnan identifia celui qui approchait ainsi, sa vieille âme de guerrier hésita entre plusieurs sentiments: surprise, intérêt et amusement...
La réputation sulfureuse, mot qui sonne édulcoré, du Chevalier de Lorraine et les rumeurs de ses commerces douteux, à voile et à rames (en effet si Monsieur Papin était né, le bateau à vapeur lui n'existait pas encore...) avec Monsieur le frère du Roi étaient bien entendu parvenues jusqu'aux grandes oreilles du Capitaine des Mousquetaires, autrefois espion et commis de Mazarin (ne disait-on pas de lui qu'il était "Le commis comprommis de Mazarin").
Cependant, malgré les soupçons, fondés ou non, de bougrerie, s'il existait bien une chose que d'Artagnan respectât au dessus de toutes les autres, c'était bien la bravoure face à cette mort que l'on croise à la guerre.
Ainsi une pratique qui lui eût semblée affreuse et méprisable chez n'importe qui d'autre, se muait en une simple curieuse inclination dès lors qu'on la trouvait chez un homme de guerre - et elle était moins rare qu'on ne pense - surtout chez le plus valeureux.
Richard Coeur de Lion n'était-il pas lui même sodomite ? Cela en faisait-il moins un des plus légendaires rois chevaliers de l'Histoire ?
Certainement pas, pas pour d'Artagnan en tous cas: l'esprit de classe était en lui chose bien ancrée.
Ce qui pouvait l'inquiéter n'était tant la propension qu'auraient eu le Chevalier (et Monsieur ) à déniaiser les plus beaux éphèbes parmi ses recrues, mais plutôt l'embringuement dans quelques aventures ou intrigues douteuses, un de ces jeux dans lesquels les deux compères étaient passés maîtres mais jeux cependant fort peu compatibles avec la profession et les obligations d'un Mousquetaire du Roi.

Lorsque d'Artagnan vit arriver le Chevalier suffisamment près de sa personne, il arbora un large sourire et, interrompant son discours:


Philippe de Lorraine a écrit:
- Monsieur le Capitaine des Mousquetaires..

Il répondit en s'inclinant:

D'Artagnan : "Monsieur le Chevalier..."

Philippe de Lorraine a écrit:
- Il me semblait bien avoir reconnu votre voix. On vous entend depuis la Cour du Cheval Blanc.

Sans marquer le moindre signe de confusion, ce n'était pas l'effet recherché, il dit presque en riant:

D'Artagnan : "Le premier des Bourbon a toujours eu la faveur de Mars, je veux croire que le symbole de celui-là aime à ouïr les cris venant de celui-ci. Echange de souvenirs entre deux vieux amis en somme. "

Titiller la vieille fibre militaro-patriotique pour la faire vibrer sur la même note que son interlocuteur, c'était cela que d'Artagnan entendait par fratrie des armes.

Philippe de Lorraine a écrit:
- Mais je ne peux croire que vos recrues se trouvent si mal habiles, mousquets en main. Ils ne seraient pas prêts à entrer au service de sa majesté si cela avait été le cas, n’est-ce pas ?

- Enfin, j’ose espérer que vous ne verrez pas d’inconvénients à ce que j’observe les talents de ces messieurs. Vous n’ignorez pas que j’ai eu moi-même quelque expérience militaire.

A ces mots d'Artagnan haussa les épaules comme un spécialiste qu'on vient questionner sur un sujet de son expertise.

D'Artagnan : " Hélas j'ai bien peur que si messire Chevalier. Les temps ont changé et la vieille école se perd. Les Mousquetaires ne sont plus ce qu'ils étaient autrefois à leur entrée au service. "

Anticipant les murmures indignés qui n'allaient pas manquer de s'élever dans les rangs, il ajouta sans transition :

D'Artagnan : " N'allez pas raconter que je vous ai dit que les hommes sont moins braves qu'auparavant, sans quoi vous m'en répondriez ! Non, ils ont mêmes valeurs et même sang. Seulement... Il manque d'exercice.
Vous comprenez autrefois, avec les protestants, les princes allemands et les Espagnols surtout, messires les Espagnols ! Et bien nous avions tant d'occasion de pratiquer les arts martiaux
[Hj : rien à voir avec Bruce Lee rambo ] qu'un quelconque entraînement eût été superflu. Un mousquetaire arrivant dans le service avait déjà fait toutes ses classes et savait manier mousquet, cheval, pistolet, épée et même la cuillière en bois.
A présent il y a toujours autant de coeur à mourir mais moins de pratique messire. Mourir pour le Roy c'est bien, mais mourir en emmenant avec soit quelques uns des ennemis du Roy c'est nettement mieux !


Parfois j'ai l'impression de parler comme Monsieur Colbert, c'est cela la modernité: je rationnalise.

Enfin vous voyez mieux notre problème.
C'est pourquoi j'ai instauré les heures d'exercice obligatoires en plus des heures de service, afin de ne pas me rouiller comme une vieille guisarme et pour mettre les moins expérimentés à niveau."

D'Artagnan était parti: bien entendu chaque mot était accompagné d'un geste qui lui correspondait... ou pas.

Il ajouta:

D'Artagnan : " Ah mais je n'ignore pas la grandeur de vos exploits messire, nul ici ne l'ignore d'ailleurs..."

Puis saisi d'un doute, il se tourna vers ses jeunes mousquetaires

D'Artagnan : " Enfin j'espère... Qui parmi vous ignore qui est le Chevalier de Lorraine ? Avouez ! "

Les visages demeuraient figés et fort inquiet, il sembla évident que pas uns ne savait exactement quel était le fait d'arme majeur du Chevalier.
D'Artagnan qui ne voulait pas humilier ses hommes ne poussa pas plus avant: leurs regards avaient suffit et nous n'étions plus à l'école.


Il fit signe au Chevalier d'approcher et s'éloigna de ses hommes pour lui murmurer de sorte qu'ils n'entendissent pas:

D'Artagnan : " Je pense messire avoir affaire là à l'une des plus médiocres promotions que je n'ai jamais vue. Vivement la prochaine guerre, qu'ils soient un peu dégrossis.
J'ai une faveur à vous demander: je suis un peu seul pour l'entraînement et les hommes d'expérience sont loin, m'aideriez vous à leur apprendre un tant soit peu les rudiments de la chose militaire ? Ils ne manquent pas de courage, ni de noblesse de coeur mais sont encore un peu brouillons dans l'ensemble et aussi... parfaitement ignares des gloires du passé. "


Dernière édition par D'Artagnan le Jeu Avr 16 2009, 20:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La cour de Mars   La cour de Mars EmptyLun Avr 06 2009, 21:25

Encore une fois, il apprécia avec grand plaisir le théâtre vivant qu’était à lui seul le Capitaine des Mousquetaires du Roy et les réactions prévisibles mais non moins savoureuses de son public d’hommes de force mais de naïveté enfantine dès lors qu’on en jouait avec eux comme de bons compagnons. Peut-être était-ce l’explication aux réactions plutôt positives que le sourire « fossetté » de Lorraine provoquait parmi ces rangs. Peut-être ce sourire, qui aurait pu presque être complice, leur était matière à se sentir rassurés, à soutenir les propos finalement apaisants de d’Artagnan. Qui sait ? Bien qu’en fin de compte, le jeune chevalier comprenait bien mieux la fierté d’une bonne prise de gens de mauvaises vies plutôt que celle de militaires servant leur Roy. Pourtant à leurs airs et faces, seuls paraissaient changer l’uniforme.

Quant à la mention du temps qu’il avait passé dans les armées… Ce ne fut nullement la vexation
qui l’atteignit brièvement. Voilà trop longtemps qu’il avait renoncé, ou plutôt fermement décidé que ce serait pas par les armes qu’il grimperait les échelons. Il n’avait pas aimé la guerre. Sans être un couard, ce qu’il avait prouvé en ne tournant jamais les talons lorsque la nécessité ou l’obligation l’avait placé dans des situations peu enviables, l’idée de risquer chaque jour, voire à chaque minute sa vie pour la grandeur d’un souverain qu’il n’estimait pas plus que le premier quidam venu lui était extrêmement désagréable. Si l’on désirait la disparition d’une âme pourquoi ne pas l’expédier outre par des moyens à la fois plus simples et plus sûrs, comme le poison ? Un assassinat soigneusement organisé ? D’autant plus qu’il avait vu les horreurs et les dégâts que provoquaient les ambitions de puissance et d’expansions des nations, pires que tous les coupes-gorges n’en produiraient jamais. C’était peut-être une hypocrisie inconsciente d’ailleurs, puisqu’il s’il répugnait à voir des corps mutilés, les blessures des âmes, des esprits, des dignités et des honneurs, ne lui posaient guère de problème de conscience ou de crainte, s’il s’en rendait même compte dans certains cas.

Son regard courrant cependant d’une recrue à l’autre, il repoussa ces mauvais souvenirs. Mais ce ne fut plus que le cadet de ses soucis lorsque le capitaine le prit à part.

Le jeune homme n’aurait pu nier sa surprise lorsqu’il entendit la demande du capitaine gascon. Un sourcil levé en signe de curiosité, il écouta cependant sans moufter le détail de cette proposition.
A vrai dire, ce qui le déstabilisa provisoirement et tout à fait intérieurement fut qu’il avait pris finalement la fâcheuse habitude de prendre les devants des situations insolites : comme précisément le fait qu’un des plus mauvais sujet de la Royauté fut invité à prendre, même en partie, en charge l’éducation de futurs mousquetaires du Roy.
Mais quels avantages en même temps… Quand bien même tout ceci n’aurait été qu’une mascarade, il y avait de quoi en prendre son parti. Sa jeunesse n’était d’ailleurs peut-être pas étrangère à l’engouement intérieur, la curiosité, l’appétit presque de ce qui ressortirait de cette situation. Pas à un moment sa légitimité ne lui posa question, pas à un instant il songea que ces hommes étaient pour la plupart plus âgés qu’il n’était, quelle avait pu réellement être leur expérience martiale. Pourtant comme on ne change guère qui l’on est, les dés furent jetés sans plus de cérémonie et sa réponse commença par cette fausse honnêteté dont il faisait souvent preuve, tantôt pour désarçonner des accusateurs sûrs de son déni, tantôt pour s’acquérir confiance, tantôt… Mais voyez plutôt :


- Ah Monsieur le Capitaine, vous vous moquez. Il y a faits d’armes et faits d’armes, et vous n’ignorez ni ceux des fronts ni ceux des salons. Tout du moins en partie, je n’en doute pas. En revanche je doute de l’avis qu’aurait sur ce point le Roy. Mais hors ça !… L’idée me plait trop que je vous refuse cette… faveur.

Si chez le Capitaine des Mousquetaires tout se passait par les gestes et la voix, chez Lorraine, ces deux éléments gardaient une sobriété peu indicative, les premiers n’excédant pas la moyenne des courtisans et la deuxième avec toujours cette tonalité trop grave pour son âge, presque traînante en toutes circonstances. En revanche son visage était aussi expressif que l’accent de D’Artagnan, avec un sourire net et des yeux bleus scintillant d’ambiguïté que lui-même n’aurait sans doute pas été able à expliquer.
Car oui la fausse franchise avait des limites, ou du moins pour être efficace devait-elle être coupée comme le blé en herbe. Avouer sa culpabilité pour la balayer d’un revers de main, accepter les propositions après avoir lui-même exposé quelque excellente raison pour son interlocuteur d’y renoncer, c’était part de sa personne. Et c’est ainsi qu’il enchaîna, restant sur le même ton que D’Artagnan afin que les recrues n’entendent pas plus qu’auparavant. En en parlant, il semblait bien que curiosité, doute, inquiétude et autres sentiments incertains commençaient de les agiter face à ce conciliabule improvisé.


- Expliquez-moi donc précisément en quoi puis-je vous épauler ? Ces messieurs sont-ils tant brouillons que fleuret ou mousquet en main, vous ne soyez assuré de leur victoire sur disons… nos bons truands de Paris ? Certes la guerre manque aux frontières, mais il y a de quoi ouvrir tripes et veines encore. S’il leur faut apprendre le risque du manque de discipline, j’aurais quelque idée sur la question.

Le jeune chevalier de Lorraine ne pouvait imaginer en effet en quoi sa présence pouvait changer l’habileté des nouvelles recrues en matière d’escrime ou de tirs. Cela n’était qu’entraînement et bons professeurs, dûment rétribués pour cela, quant lui-même agissait à titre gracieux si l’on pouvait dire.
Mais s’il s’agissait de faire découvrir à ces hommes les aléas, les imprévus… Alors on avait frappé à bonne porte. Peut-être trop, car comme il y avait faits d’armes et faits d’armes, il y avait dangers et dangers, imprévus et imprévus. Et quand les uns se mêlaient aux autres… Ma foi, s’il prenait pour de bon en main leur éducation en second de leur capitaine, ils l’apprendraient bien assez tôt.
Oui il y avait vraiment quelque chose comme de la gourmandise dans ce qu’il ressentait présentement.
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MessageSujet: Re: La cour de Mars   La cour de Mars EmptyVen Avr 17 2009, 16:25

Lorsqu’il entendit le Chevalier dire qu’il acceptait sa proposition, un fin sourire se dessina sur la bonne face au nez trop long du capitaine. Il s’exclama :

D’Artagnan : " A la bonne heure ! Mille mercis Chevalier, la supériorité d’un homme se juge autant à la promptitude de ses choix qu'à leur pertinence. Il va sans dire que le Roy sera informé du haut service que vous lui rendez et que sa majesté saura récompenser un bon serviteur. "

Mais la comédie que jouait d’Artagnan ne s’arrêta pas là fronça le sourcil et se tint le menton comme quelqu’un qui vient de dire une sottise. Il reprit d’une voix de comploteur:

D’Artagnan : " A moins que vous ne désiriez point qu’il en fût informé, ce que, bien que je ne puis l’approuver, je puis comprendre, eut égard à la jalousie de certain... "

Par " certain " il fallait comprendre " Monsieur ". Qui sait comment Philippe, le frère du Roy, première " Phi " des deux " Phi-phi ", comme d’Artagnan se plaisait à surnommer les deux amants (pour lui même et jamais devant qui que ce fût cela va sans dire), réagirait-il s’il apprenait par la bouche de son frère que son cher Philippe s’occupait désormais de former des Mousquetaires ? Si le secret devait être gardé, d’Artagnan demeurerait muet.

D’Artagnan : " Si l’on me questionne, je pourrai nier un quelconque engagement officiel de votre part. Comme cela vous agréera Chevalier. Surtout que, pour répondre à votre question... "

Il se rapprocha encore plus du Chevalier, il parla si bas qu'il en était presque à chuchoter:

D’Artagnan : " J’ai surtout besoin de vous pour quelques affaires en particulier les concernant, dans des domaines où je ne puis pas grand chose... "

Quel hypocrite ce d'Artagnan, comme s'il n'y connaissait rien à ce qui va suivre :

D'Artagnan : " Vous avez raison Chevalier, le mousquet ou l’épée c’est l’affaire des artilleurs et des maîtres d’arme. Mais la discipline, chose si primordiale lorsque l’on est à la cour, et d’autant plus capitale pour un corps chargé de protéger le Roi, la discipline donc ça ne s’enseigne pas avec de l’entrainement que nous qualifierons de, classique. "

Il se redressa et regarda Philippe dans les yeux, les siens étaient pétillants de cette malice qui l’avait si souvent rendu indispensable à feu le Cardinal. Il poursuivit :

D’Artagnan : " Je vais être explicite messire. Il est heureux que vous ayez de vous même évoqué les truands de Paris, car il s’agit de quelque affaire de cet ordre.

De par leurs positions de protecteurs du Roy, les Mousquetaires sont l’objet de moult sollicitations, plus ou moins bienveillantes. La plupart du temps il s’agit de courtisans avides de faveurs et prêts à tout pour s'approcher de sa Majesté. Ceux-là ne représentent pas un danger véritable, mais si la mauvaise habitude se prend de se laisser aborder voire pire, soudoyer, il peut s’agir un jour d’une affaire plus grave. Dans ce cas c’est ma tête que l’on prendra Mordioux ! "


Il fit signe de se trancher la gorge avec son pouce, puis il reprit :

D’Artagnan : « La plupart de ces jeunes gens sont avertis et connaissent Paris depuis longtemps, mais il y en reste suffisamment qui n’ont jamais vécu près des lumières de la cour pour être les cibles privilégiées des coquins et autres profiteurs. Il y a bien des façons de suborner un homme et, comme vous le savez, les plus orgiaques sont souvent les plus efficaces.
Je veux limiter au maximum les dangers, et pour cela j’ai besoin d’un professeur dans le domaine des pièges mondains, d'un spécialiste es-stupre. Je n’ignore pas vos... très hautes qualifications dans ces arts messire ainsi que votre grande expérience en la matière à laquelle votre jeune âge fait honneur. Ne vous surnomme-t-on pas dans le monde feutré des alcôves: " l’Alexandre de la débauche " ? Une belle revanche pour
un prénommé Philippe... Philippe de Macédoine bien sûr. "

Un sourire se dessinait sur la face faussement bourrue de d'Artagnan. Son histoire des soldats se ramollissant à cause de l’absence de guerre n’était donc en réalité qu’une métaphore pour exprimer une vérité qui veut qu'en temps de paix, comme l’avait très justement relevé le Chevalier, ce sont d’autres armes et d’autres champs de
bataille qui s’offrent aux hommes de guerre. Cela réclame d’autres capacités si
l’on n'y veut point périr en vain.


D’Artagnan : " C’est donc cela que j’attends de vous. C’est cette discipline que j’entends que vous leur enseigniez : la discipline de la débauche.
Reconnaissez avec moi qu’il serait dommage qu’ils tombassent dans le vice dès leur arrivée à la cour ou tout du moins que le vice ne les poussât malgré eux à trahir celui et ceux qu’ils doivent servir en tout. N’ai-je pas raison ? "


Ne fait-on point garder les troupeaux par des chiens, qu’est-ce qu’un chien sinon un loup domestiqué ?

Garde tes amis près de toi et tes ennemis encore plus près.

Que l'on choisisse la maxime que l’on préfère, mais l’on aura bien compris qu’avec le Chevalier, d’Artagnan escomptait jouer très serré.
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Philippe de Lorraine
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MessageSujet: Re: La cour de Mars   La cour de Mars EmptyMar Avr 21 2009, 20:48

Puisque D’Artagnan jouait les comédiens, le Chevalier se faisait un plaisir de lui donner la réplique. Au fur et à mesure que les paroles du Capitaine sortaient ce n’était en face que regards faussement surpris, airs faussement candides associés à des sourires de conversation de salon, des sourires de comploteurs en chausses de soie et chapeau à plume donc. Les yeux bleus du jeune homme brillaient d’autant de malice que ceux de son vis-à-vis qu’il était bien conscient que comme presque tout engagement à la Cour, une offre n’allait pas sans danger, un don sans compromission, une aide sans contrepartie. Les plus périlleuses étant les non-dites. La Cour avait de quoi rendre paranoïaque les esprits les plus faibles c’était certain. Malgré cela…
Ah on ne pouvait nier que le Capitaine avait l’art et la manière de s’attirer la sympathie, même lorsqu’on devinait que tout n’était ni dit ni clair.

Lorsqu’il s’agit de ses faits d’armes libertins ou pervers, selon le point de vue, on n’aurait dit à son expression qu’on parlait d’un autre homme pour lequel il n’aurait marqué qu’un intérêt poli et qui ne fut ponctué que par un :


- On dit cela ?.. Vraiment..

Digne d’un bien modeste quidam. Oh les flatteries ne le touchaient pas moins que la majorité des hommes et femmes de ce monde, mais s’il s’en délectait comme un chat de petit lait, il en usait trop auprès d’autres pour s’en faire aveugler, du moins y tentait-il d'y veiller.

- A vous entendre Capitaine, certains moins avisés que nous ne le sommes songeraient que vous ne dédaigneriez pas vous-même quelque part de l’enseignement que vous demandez pour vos hommes.

C’était bien gentille provocation, malgré le scintillement aiguë des prunelles, en comparaison du fiel qu’il pouvait parfois déverser. C’était surtout que ce n’était pas dans son intérêt de jouer du tranchant de la langue pour cette fois, mais bel et bien du plat comme le voulait l’expression.

- La discipline de la débauche… La loyauté peut être un excellent bouclier dans cette sorte de confrontation. Mais elle offre aussi des fils qui peuvent être saisis par d’autres mains que celles qu’on baisa en signe d’allégeance… Mais sans doute l’avez-vous déjà appris ?

Comme le capitaine l’avait dit, les moyens ne manquent pas pour qui veut s’emparer d’un autre. Mais les moyens.. « dionysiaques » (eh oui, si pour l’ignorant deux moutons sont semblables, ce n’est pas le cas pour le berger, et il en allait de même pour les fameuses fêtes pour les sens ici évoquées), s’ils étaient parmi les plus délicieux, n’étaient pas les plus efficaces puisque trop connus.

- Quoi qu’il en soit, je vous approuve, naturellement, reprit-il avec une demi-hypocrisie. Ce serait grand dommage que le Roy fut éclaboussé au vu de tous par les travers mesquins de ses serviteurs. Et à ce sujet je vous laisse seul juge de ce que ce service rendu à vos recrues soient officiel ou.. non. Je ne crains pas les jaloux.

Du moins ni de la sorte à laquelle pensait le Capitaine ni dans la situation présente. Mais il était bien inutile de le préciser. En vérité, à tort ou à raison, le jeune Chevalier de Lorraine s’estimait à même de tirer son épingle du jeu sans recevoir de reproches indésirables.

Et puis sa décision étant prise, les projets germant dans son esprit fertile, ses réflexions s’arrêtèrent sur ce qu’on lui demandait précisément. Or en cette sorte d’apprentissage, on ne peut mettre de liège aux pointes, émousser les fils des lames, tirer à blanc ou annoncer à son adversaire le début de l’engagement par salut ou tambours et trompettes. Si le Capitaine souhaitait sérieusement que ses hommes fussent édifiés sur ce sujet, il fallait qu’il fût conscient et consentant au fait que tous ne ressortiraient pas indemnes de cet enseignement. Par ailleurs, cette question révélerait également dans quelle mesure d’Artagnan souhaitait réellement cette association surprenante.


- Cependant, reprit-il. Je ne vous apprendrais rien en disant qu’il n’y a pas de bon enseignement qui ne soit que de théories. Des soldats ont besoin de pratique. Il ne paraîtrait guère imprudent pour un capitaine de voir ses hommes soumis aux épreuves d’un Philippe de Macédoine, mais à celles d’un Alexandre ?

C’était aussi une manière de connaître les limites du terrain, les règles du jeu. Il appartiendrait ensuite aux protagonistes de les respecter ou non. Il n’était pas question de pousser les recrues dans leurs vices simplement pour le fameux spectacle du Roy éclaboussé. C’aurait été gâcher une opportunité étonnante.
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MessageSujet: Re: La cour de Mars   La cour de Mars EmptyJeu Avr 30 2009, 23:42

A la provocation du Chevalier sur ses soifs de connaissance en matière de vices, le sang encore bouillant de D'Artagnan le contraignit à s'exclamer tout haut:

D'Artagnan : " Oh Chevalier ! En cette matière comme dans d'autres, j'ai comme l'on dit chez les capitaines aux cours plus longs que les miens, déjà bien roulé ma bosse ! Il n'est plus un secret que j'ai longtemps servi et fréquenté son éminence le Cardinal... "

Il n'en dit pas plus, laissant au Chevalier le choix de ce qu'il voudrait bien comprendre de cette dernière phrase sur Mazarin que la propagande de la Fronde avait pendant des années paré de tous les oripeaux du vice de la Terre toute entière et peut-être même de l'Univers. Tout ceci avait au fil du temps mêlé calomnies et vérités, produisant un magma d'ambiguïté dans lequel le vieux renard en chapeau rouge ne s'était jamais privé de puiser pour son profit ou contre ses adversaires.

D'Artagnan écouta la suite de ce que le Chevalier disait avec une mine concentrée dont seuls les yeux pétillants trahissaient toujours le ravissement. Ravissement car il avait vite compris que le Chevalier acceptait sa proposition, pouvait-il en être autrement ? Malgré toute la prudence qu'il pouvait manifester, ou feindre de manifester, un loup ne peut résister au cou délicat de l'agnelle que l'on place en arrière du piège qu'on lui tend.

Au terme de la dernière expression du Chevalier qui concernait le besoin de pratique, il ouvrit les bras exagérément et s'écria:


D'Artagnan : " C'est exactement ce que je m'évertue à dire depuis le début de notre entretien ! Rien n'égale la pratique. Je suis fort joisse de voir que nous sommes en accord messire Chevalier, et bien qu'il soit vrai qu'avant son fils, Philippe connut bien des aventures Grecques le menant jusqu'à Chéronée, je suis heureux de pouvoir confier mes propres phalangistes aux mains conquérantes et entreprenantes d'Alexandre. "

A cette dernière remarque sur les "aventures grecques" de Philippe le visage de d'Artagnan ne pouvait plus se contenir et un large sourire éclaira sa face. Décidément la comparaison entre le chevalier et les conquérants macédoniens aux mœurs "hellénistiques" lui plaisait beaucoup.

Puis, retirant le gant de sa main droite d'un geste élégant, le premier que le fût vraiment depuis le début des palabres, il dit au Chevalier en tendant sa main nue couverte de la cale rugueuse d'un porteur d'épée et dit avec solennité:


D'Artagnan : " Le Roi sera donc avisé du haut service que vous lui rendez. Ainsi avant que je ne vous donne quelques éléments de connaissances qui vous serons fort utiles dans l'accomplissement de votre nouvelle charge, comme cela est la coutume entre gentilshommes scellant pacte : touchez-là. "

Il est vrai que le Capitaine en faisait beaucoup, mais il semblait clair que d'Artagnan avait déjà quelques idées concernant les Mousquetaires dont le Chevalier devrait s'occuper en priorité. Libre ensuite à ce dernier de suivre ou non ces conseils avisés, ou d'apprécier selon sa propre mesure, son propre étalon oserait-on dire, lesquels dans cette troupe devrait subir un entrainement " spécial ". Toutefois, dans toutes les configurations imaginables, quelques informations sur les uns, même si ce ne sont pas les bons, est toujours mieux que pas d'information du tout. De plus rien n'interdisait ensuite au Chevalier de poser des questions sur qui bon lui semblerait, la curiosité n'est-elle pas le premier outil du vrai professionnel ?
Mais pour accédez à ce nouveau monde, il fallait d'abord sceller le pacte.

Touchez la main Chevalier et vous en saurez d'avantage...
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