A l'angle de l'aile est du Manoir de Villefort, au rez-de chaussée, derrière la salle de Garde du Manoir, se trouvait une lourde porte de fer renforcée disposant de multiples serrures, verrous et huis, derrière laquelle s'enfonçaient des escaliers vers une zone souterraine où l'humidité, la moisissure et la vermine régnaient en maitres, n'en cédant que devant l'autocratisme du maître absolu des lieux, Hans Wilhelm von Falkenhausen und Prittwitz...
Dans cette salle voûtée de quelques quatre-vingt mètres carrés où quelques rats dépècent les résidus cadavériques de quelques malheureux ayant eu le tord de déplaire au maître des lieux sont enchainés, humiliés et parfois exécutés les ennemis du Freiherr n'ayant pas eu le temps ou le courage de se suicider à temps...
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... Des pas de bottes cadencés résonnèrent dans les escaliers... la lourde porte fermant la salle s'ouvrit de l'extérieur (de toutes façons, elle ne pouvait s'ouvrir de l'intérieur) et d'Helena d'Autwirtz parut, soutenue et maitrisée de part et d'autre par deux massifs gardes saxons conduits par Hermann von Wasserfalls, spadassin faisant partie de la garde rapprochée du Freiherr. Sa coiffure défaite, ses habits déchirés, Helena n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait pu être...
L'empoignant par les mains, les deux gardes saxons refèrmèrent sur ses délicats poignets les fers, accrochés aux murs par des châines, qui lui maintenaient les bras immobiles, puis appliquèrent le même procédé à des jambes. Elle ne pouvait plus bouger, plus se suicider, plus échapper à personne... Elle était là, contre le mur de pierres, positionnée en "X" et rigoureusement fixe...
Wasserfalls s'approcha d'elle. Elle lui cracha au visage, ce qui lui vallut immédiatement une gifle d'une violence inouie... Il prit la parole :
- Vous êtes désormais la prisonnière de monseigneur le Freiherr von Falkenhausen und Prittwitz, cousin de sa majesté le Prince-Electeur de Brandebourg et disposant de tous pouvoirs pour les activités brandebourgeoises et saxonnes en France. N'ayant pas voulu vous soumettre, nous sommes constraints de vous maintenir dans cette inconfortable position jusqu'à ce que vous reveniez sur votre position...
Il eut un sourire cruel...
-... ou que vous vous fassiez dévorer vive par les rats. N'espèrez pas vous suicider : vous serrez nourrie, et toute tentative sera punie par une séance de torture.... Ceci dit, bonne soirée, MADAME, et dormez bien... si vous le pouvez !
Il éclata d'un rire sardonique, immédiatement imité par les deux gardes, puis tous trois sortirent, refermèrent l'huis, laissant Helena, enfermée dans la quasi-obscurité (la seule lumière provenant d'un minuscule soupirail...).